Les tapisseries, comme de nombreux objets d'art, sont sensibles au milieu ambiant.
La lumière, l'humidité, la poussière et les insectes sont des facteurs essentiels pour la conservation préventive.
Une grande attention doit être portée à la pérennité des œuvres d'art. Un objet qui sort de chez le restaurateur demande une attention particulière pour ne pas voir les efforts des artisans ruinés par une mauvaise conservation.
Les tapisseries sont exposées dans des conditions qui le plus souvent ne leurs conviennent pas. Les châteaux, les musées, les églises, les maisons anciennes, mais aussi les appartements surchauffés, sont des lieux peu appropriés à une conservation idéale. Il existe des précautions et des actions qui améliorent considérablement leur durée de vie.
Au fil des saisons des variations rapides et fréquentes se produisent dans les bâtiments anciens. L'alternance humidité et sècheresse fragilise les fibres qui finissent par se rompre.
Le manque d'humidité dans des pièces trop chauffées ou le climat méditerranéen rend les fibres cassantes. La lumière accélère le vieillissement des couleurs. Les rayons ultra-violet entrainent une disparition progressive des couleurs, de la résistance et de la souplesse des laines et soies. La lumière artificielle, comme les spots, accélèrent la décoloration.
La poussière, composés de particules chimiques dues à la pollution de l'air, accélère la dégradation. Les mites et les rongeurs sont aussi des éléments destructeurs.
Point de Hongrie - XVIIeme - Soie, or et argent
La prévention.
Le climat doit être constant. La température conseillée est de 18° (+/- 2°) et une hygrométrie de 55% (+/-5%). Le plus important est de maintenir les tapisseries dans un environnement stable. Il ne faut surtout pas ouvrir les fenêtres au printemps pour faire entrer l'air chaud. Le choc pierres froides air chaud crée une condensation qui amène encore plus d'humidité. Idéalement, il faudrait éloigner les tapisseries de 20 à 30 cm. du mur qui a tendance à ruisseler. La mise en place de deshumidificateur est nécessaire. A contrario, dans les lieux trop secs, l'humidificateur est salvateur.
Contre la lumière agressive, il existe des films plastiques anti ultra-violet à poser sur les fenêtres qui évitent les effets néfastes du soleil et de la lune et surtout jamais d'exposition directe. Il est préconisé 50 lux qui correspondent à une demi pénombre. Ce n'est pas réaliste dans les pièces à vivre.
Ces précautions à prendre sont valables pour la plupart des objets d'art (meubles vernis, peintures, livres...)
La poussière des villes très corrosive doit être aspirée tous les deux ans avec un aspirateur à variation d'intensité sur l'embout duquel est posé un filtre en gaze afin de n'aspirer que les poussières. Ce travail sera fait par un professionnel. Le lavage à l'eau d'une tapisserie ne sera exécuté après restauration que tous les 25 à 30 ans si les conditions d'exposition ne sont pas optimales.
Une tapisserie non accrochée doit être roulée sans pli sur un rouleau de 25 cm de diamètre et plus long que la tapisserie, dont les extrémités seront posées sur un support (tréteau par exemple) de façon à ce que la tapisserie soit dans le vide et sera enfermée dans une toile afin que les mites ne l'investissent pas (elles adorent la pénombre) Ces quelques règles ne sont pas trop contraignantes et permettent aux tapisseries de continuer à traverser les siècles le plus longtemps possible.
Cette conservation préventive est essentielle pour transmettre aux générations futures un patrimoine dont nous ne sommes que les dépositaires.
Tapisserie des Flandres - XVIIeme - Détail